Les bâtiments des Archives du Jura
Un bâtiment technique pour préserver le patrimoine écrit
Le bâtiment des Archives du Jura comporte une surface incomparablement plus grande que la seule salle de lecture, pourtant imposante avec ses 200 mètres carrés. 1117 mètres carrés sont dédiés à l’exercice des missions des archives (ateliers, salles de tri, bureaux) et 4433 mètres carrés à la conservation matérielle des archives. En 2024, le site du Jura compte 22 kilomètres de documents. Il s’agit d’un bâtiment très spécialisé, dont la conception et la construction obéissent à des règles architecturales et techniques spécifiques, édictées au niveau national et adaptées à un programme local qui envisage la vie et les services attendus du bâtiment sur 20 à 30 ans au moins.
La construction d’un bâtiment d’archives obéit à des règles, fondamentales et surtout de bon sens, définies au niveau national par les Archives de France qui édicte normes et préconisations officielles en la matière depuis de nombreuses décennies. Ces normes et préconisations évoluent et s’enrichissent par l’expérience tirée des chantiers réalisés, et par l’innovation technique et technologique. Elles ne se limitent pas à l’enveloppe du bâtiment, ni même à la répartition des espaces à l’intérieur du bâtiment. Elles envisagent de nos jours toutes les fonctionnalités exercées dans et par le bâtiment, y compris la place, le rôle et la cohérence des réseaux informatiques.
Maîtres d’ouvrages (en l’occurrence ici le Département du Jura, propriétaire du bâtiment), architectes et archivistes collaborent au montage d’un programme complexe puis d’un cahier des charges technique assez contraignant. Le programme vise une excellente fonctionnalité du site, c’est-à-dire la coexistence de plusieurs métiers et activités au sein du bâtiment en des espaces dédiés. Et il doit assurer cette coexistence sur un terme assez long, soit plusieurs décennies, notamment pour accueillir les fonds à venir. Autant que faire se peut, il doit prévenir les évolutions archivistiques, techniques voire institutionnelles et sociales qui auraient dans le temps un fort impact professionnel, par exemple : l’emploi massif du numérique comme outil bureautique de travail, technique de reproduction et support d’archivage.
Règles et programmes visent aussi et d’abord à assurer la sécurité des fonds conservés : préservation passive contre les risques d’incendie, d’inondation, d’insanité de l’air, de vol, d’intrusion intempestive… ; moyens actifs de détection et de lutte contre ces risques. Cette contingence est essentielle au regard du devoir de protection du patrimoine écrit qu’assument les Archives départementales du Jura comme toutes les institutions patrimoniales (musées, bibliothèques…).
Le bâtiment est l’objet de toutes les attentions des services techniques du Département comme de l’équipe des Archives durant son existence pour continuer à remplir son office ; il nécessite un entretien constant et des rénovations périodiques de ses infrastructures.
Petit historique des bâtiments successifs des Archives du Jura
Les Archives du Jura ont connu deux implantations seulement depuis leur instauration à la Révolution française. Comme en de nombreux départements, les Archives du Jura cohabitèrent longtemps avec la Préfecture à Lons-le-Saunier. L’ancien couvent bénédictin Saint-Désiré, nationalisé en 1791 comme tous les biens du clergé, fut désigné pour abriter d’abord l’administration centrale du département puis, en 1800, la Préfecture et le Conseil général du Jura. Plusieurs pièces y furent dédiées aux archives ainsi qu’au bureau de l’archiviste et de son adjoint. Très vite, ces locaux furent insuffisants. Les aménagements réalisés pendant 150 ans et même une construction spécifique à la préfecture en 1898 absorbèrent tant bien que mal l’arrivée massive des fonds. En 1977, ne pouvant plus accueillir d’archives par manque de place depuis plus d’une décennie, les Archives s’installaient dans un bâtiment indépendant, construit selon un programme fonctionnel spécifique à leurs besoins, sur l’ancien site des salines de Montmorot. Les magasins de conservation des documents s’avérèrent cependant à nouveau rapidement insuffisants. Entre 1998 et 2000 furent édifiés une nouvelle tour pour accueillir des magasins de conservation, et un nouvel espace pour le public ; ces travaux permirent aussi un réaménagement interne conséquent des espaces de travail et l’installation des ateliers de reliure et de photographie en de nouveaux locaux.
Quand la Préfecture abritait les Archives départementales (1791-1980)
De 1980 à 1999 : les Archives départementales du Jura aux salines de Montmorot
Depuis 2000 : un bâtiment "retourné" et agrandi aux salines de Montmorot
Outil de travail, lieu d'accueil et de conservation : la répartition d'espaces dédiés
Un bâtiment d’archives est à la fois un outil de travail, d’accueil et de conservation, divisé en secteurs précis. Comment rassembler des fonctionnalités qui peuvent paraître au public aussi contradictoires mais qui sont précisément complémentaires pour les employés des Archives ? Tout l’art de l’architecte d’un bâtiment d’archives est bien de les rassembler et de les faire communiquer de façon logique. Comme tout autre bâtiment d’archives, celui du Jura est agencé en sorte de ménager des secteurs spécifiques à chaque activité professionnelle et à chaque mission des Archives de la façon la plus rationnelle et la plus sûre possible. Chaque espace est doté du mobilier, des matériels et engins nécessaires aux activités qui s’y déroulent, ainsi que de moyens de sécurité adaptés. Ainsi le bâtiment est-il partagé en quatre grands espaces que sont l’accueil du public, les ateliers techniques et salles de tri, les bureaux de l’espace administratif, enfin et surtout, les magasins d’archives.
© Archives départementales du Jura