Relier et restaurer livres et archives
Le métier de relieur aux Archives départementales revêt deux facettes principales.

Reliure d'ouvrages de bibliothèque
D’une part, comme ses confrères des bibliothèques ou les artisans relieurs privés, il dote les livres et collections d’ouvrages anciens ou nouvellement acquis de la bibliothèque des Archives de reliures qui protégeront de la poussière et des manipulations le corps d’ouvrage pour de très longues années. Pour cela, il emploie des techniques artisanales séculaires, non mécanisées, appropriées au type et à l’époque de chaque livre ; il utilise des matériaux nobles et durables, qui n’altèrent pas le document à long terme. Sans démonter les reliures anciennes, il répare les déchirures survenues au fil du temps sur des feuillets, des gardes et du cuir. Le relieur est aussi doreur ; il appose à la feuille d’or titres, noms d’auteur, cotes sur le dos des livres afin de les identifier dans la bibliothèque, et non sans les enjoliver de filets et fleurons. Il exerce ainsi son art sur des livres du XVIIIe siècle environ à nos jours.
Le relieur apprête aussi souvent des cartonnages appelés « contenants » au format de documents et des ouvrages précieux ou fragiles à protéger. Il participe aussi à la valorisation des archives en préparant les documents ainsi que leurs supports de présentation pour les expositions en respectant la scénographie.
Reliure de registres d'archives
D’autre part, est généralement confiée au relieur des Archives la reliure de registres d’archives. En Occident, le registre est la forme matérielle privilégiée par les institutions et même les personnes pour conserver ensemble décisions, actes importants, relevés systématiques et titres juridiques. En Archives départementales, registres paroissiaux et d’état civil, minutiers de notaires et de sentences de justice, terriers et arpentements, délibérations forment souvent des collections de registres impressionnantes. Cette pratique requiert attention et observation lors du démontage des documents afin d’en reproduire le modèle, toujours avec le souci de cohérence chronologique et matérielle entre le document et sa reliure. Ce travail contribue à la mémoire et à la transmission des techniques de reliure mises au point les siècles passés et de l’emploi de matières nobles.

Restauration des documents
Le relieur peut passer progressivement à la restauration de documents, notamment de plans, eux aussi nombreux dans les fonds à compter du XVIIIe siècle en dosant son action en fonction des besoins de conservation et de communication des plans.
Cependant, quand un document est trop abîmé, ou moisi, ou quand sa réparation nécessite des moyens d’intervention technique et humaine trop conséquente, le travail est confié à des relieurs et des restaurateurs privés contraints eux-aussi d’observer les prescriptions techniques des Archives de France et celles délivrées par les Archives quant à l’étendue d’intervention souhaitée.

Matériel et outils du relieur
Le relieur exerce son métier au sein d’un atelier doté de matériel et machines professionnels tels que massicot à papier et grande cisaille à carton, étau à endosser, presses, tables… et d’outils nombreux qui vont du cousoir à l’aiguille à coudre, du scalpel au couteau à parer, du marteau à endosser aux fleurons et filets de bronze.
Cartes, fils de chanvre ou lin, papiers cuve, verger ou japon, chagrin (cuir de chèvre), toiles métis, colles, film d’or fin sont ses matériaux de prédilection.
Quelques données relatives aux Archives du Jura
L’atelier de reliure existe aux Archives du Jura depuis les années 1980, à la faveur de l’emploi par l’administration d’un relieur privé à Lons-le-Saunier ayant décidé de cesser son activité commerciale. Son action s’est centrée dans la reliure des ouvrages de la bibliothèque et des collections de périodiques et d’imprimés officiels.
De 2006 à 2011, l’atelier de reliure s’est tourné intégralement vers la réparation des plans cadastraux des communes du Jura avant leur numérisation : sur 6 700 plans à numériser, plus du tiers a nécessité des réparations, voire une restauration.
Depuis 2012, l’atelier a repris son activité principale de reliure et de réparation d’ouvrages tout en maintenant son savoir-faire acquis dans la restauration des plans par des travaux ciblés sur d’anciens plans collectés récemment ou en cours de classement.