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Première approche d'un texte ancien...

... ou les affres du lecteur novice

La première rencontre avec un texte manuscrit ancien est généralement un choc :

- Dans quel sens doit-on prendre le texte et lire les lignes ?

- Quel alphabet a donc été employé ?

- Que sont ces signes étranges qui ne ressemblent pas à nos lettres actuelles ?

- Tous ces nombres en chiffres romains ?

- Mais où sont les mots dans cette ligne ininterrompue de tracés ?

- Et ces abréviations, que signifient-elles ?

Fonds du baillage de Poligny, publication de testaments et actes importants (1635-1636) (5Bp263, folio 137v et 138r) (© Arch. dép. Jura)

On s'imagine mal à quel point l'écriture manuscrite a évolué dans le temps. Mais on s'aperçoit vite que l'on déchiffre les mots et les lettres avec plus de peine à mesure que l'on remonte le temps, car on n'écrivait pas les lettres jadis comme aujourd'hui ! Et l'on sait moins encore qu'il existe à chaque époque des types d'écriture différents selon le contexte de production d'un texte : écritures calligraphiées des livres et actes officiels, écritures cursives des greffes de justice et des administrations, écritures personnelles des curés... Si l'écriture calligraphiée, quoique différente de la nôtre, est par définition soignée, posée et régulière, les deux autres écritures tracées d'une main alerte déroutent par le caractère souvent individuel des tracés et les formes altérées des lettres liées les unes aux autres, parfois de mot à mot sur toute une ligne ! Enfin, notre époque n'a pas inventé les abréviations ; elles foisonnaient dès l'Antiquité et le Haut-Moyen Âge dans tous les écrits, et parsèment couramment les textes latins et français jusqu'au beau milieu du XVIIIe siècle.

Fonds du baillage de Poligny, publication de testaments et actes importants (1635-1636) (5Bp263, folio 138r) (© Arch. dép. Jura)

A peine décrypte-t-on le texte que nos repères orthographiques, grammaticaux et linguistiques volent en éclat :

  • Le scribe ne connaissait donc pas l'orthographe ?
  • A-t-il oublié la ponctuation ?
  • Quel désordre dans les majuscules !
  • Pourquoi ces tournures de phrases compliquées ?
  • Que signifient ces expressions et ces mots inconnus ou inattendus ?

La langue française s'est construite au long des siècles et continue sous nos yeux d'évoluer. Grammaire et orthographe ne sont pas des données intemporelles et immuables ; elles se sont progressivement fixées à partir du XVIe siècle, selon un canon commun bientôt académique et se répandirent lentement dans tous les domaines de l'écriture jusqu'au XIXe-XXe siècles. En outre, c'est un à deux siècles après l'imprimé que le texte manuscrit adopte les règles strictes de ponctuation et l'emploi des majuscules qui nous sont désormais familiers. Quant aux mots et aux expressions, ils sont l'expression d'une culture, ou plutôt de multiples cultures (juridique, technique, littéraire, savante, administrative...) dans toutes les strates de la population et dans toutes les provinces du pays. La lecture des textes anciens introduit à la langue et aux langages employés par nos prédécesseurs dans le cadre spécifique de leurs écrits et des actions décrites. Leurs mots et expressions sont une part substantielle de notre patrimoine immatériel. Leur redécouverte enrichit profondément la compréhension de notre propre vocabulaire non moins que celle des textes anciens que nous lisons.

Fonds du baillage de Poligny, publication de testaments et actes importants (1635-1636) (5Bp263, folio 137v) (© Arch. dép. Jura)
  • Commence-t-on à lire vraiment le texte ?
  • Son sujet nous échappe sous une avalanche de formulaire.
  • Que signifient ces titulatures incompréhensibles, ces noms de procédures et d'institution, ces clauses juridiques ?
  • Pourquoi ces dates compliquées ?
  • Que signifient ces mentions de sceau, de seing, de bulle, d'extrait, de copie collationnée, d'enregistrement... ?

Les actes conservés dans les archives publiques ne sont pas majoritairement de la correspondance entre deux interlocuteurs, deux amis, deux parents. Le plus souvent, il s'agit d'actes administratifs, juridiques, législatifs, réglementaires, contractuels... La rédaction de ces actes, fréquemment au sein d'institutions laïques et ecclésiastiques, a toujours obéi à un formalisme comprenant un ordre donné de rédaction de l'acte, des titulatures précises, des clauses juridiques nombreuses pour assurer la validité de celui-ci devant les tribunaux. Il faut peu à peu s'approprier les termes de procédures, le nom et le rôle des institutions laïques et ecclésiastiques citées et de leurs administrateurs. Il en est de même de l'action juridique des actes (vente, amodiation, contrat, compte, lettre de grâce, jugement, enquête, rapport, délibération...), et de leur type (minute, expédition, extrait, enregistrement...), afin d'apprécier la validité, la sincérité et le contenu même de ces actes.

Pour faire tomber des barrières qui peuvent empêcher d'accéder à la lettre, au sens et à la critique des textes, un apprentissage de base est nécessaire : celui des écritures anciennes (la paléographie).

Quatre initiations complètent cet apprentissage :

  • à la langue employée (philologie et lexicographie)
  • à l'histoire
  • au droit
  • à l'élaboration, la transmission et la conservation des actes (diplomatique et tradition des textes).

La sélection d'ouvrages et de sites en ligne présentée dans la rubrique : Des clés pour lire et comprendre les textes conservés aux Archives, ainsi que les cours hebdomadaires de paléographie proposés aux Archives départementales du Jura sont autant d'aides à une lecture et à une recherche autonomes et plus assurées.

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