Agathe Coutemoine est née à Vers-en-Montagne le 28 mars 1867. Cinquième et dernier enfant d'Abel Coutemoine, notaire, et de son épouse Anna, née Girod, elle vit une enfance bourgeoise dans le cadre très rural d'un village jurassien de moyenne montagne.

On ignore si la benjamine des Coutemoine poursuivit une formation au-delà de son certificat d'études, qu'elle obtient en 1880 à l'école communale. Elle se passionne très tôt pour la photographie, probablement épaulée au cours de ses premières années de pratique par son frère Élisée, de treize ans son aîné. Celui-ci quitte la maison familiale pour s'installer comme médecin à Morteau, où il se marie.

Agathe, elle, restera toute sa vie célibataire. On la retrouve, à l'âge mûr, directrice du pensionnat de jeunes filles « Nazareth », situé en haut du village de Vers-en-Montagne. Parallèlement à son activité professionnelle, Agathe Coutemoine pratique désormais la photographie en toute autonomie, en s'appuyant sur les conseils techniques du magazine Photo-Revue dont elle est une lectrice attentive. Au-delà des portraits, pour lesquels elle est très sollicitée par son entourage et les habitants des environs, elle se plait surtout à braquer ses objectifs sur les paysages ruraux et les scènes de la vie quotidienne. Elle signera également de nombreuses cartes postales, très en vogue à l'époque.

Au décès d'Élisée en 1924, elle rentre en possession des clichés de son frère, qui portent essentiellement sur le Haut-Doubs, et les ajoute à sa propre collection. Leur production conjointe de négatifs sur verre s'élève à environ 3 730 plaques photographiques, ce qui, au début du XXe siècle et pour de simples amateurs, représente un ensemble important.

Par le nombre de ses clichés comme par leur cohérence artistique, Agathe Coutemoine est aujourd'hui reconnue comme la première femme photographe du département du Jura.

Les plaques de verre sont entrées en possession en indivision de Constance, Valérie et Vincent Rameaux, frère et soeurs, arrière-petits-neveu et nièces d'Agathe Coutemoine. Constance Rameaux en a réalisé une première valorisation patrimoniale au moyen de la publication de l'ouvrage : Village du temps retrouvé. Agathe Coutemoine (1867-1931), qui révélait au public en 1987 quelques-uns des plus beaux clichés du fonds (cf. bibliographie).

Don aux Archives départementales du Jura par Constance, Valérie et Vincent Rameaux le 16 mars 2019, validé par le président du Conseil départemental du Jura le 2 avril 2019.

Les 3730 plaques ayant pour auteurs avérés Agathe Coutemoine et dans une moindre mesure son frère Elisée Coutemoine constituent l'essentiel du fonds 69Fi. Cependant y sont venus s'ajouter trois petits fonds de plaques de verre d'intérêt secondaire et sans rapprochement direct avec le contenu des plaques Coutemoine, contenant surtout des reproductions de vues voire d'illustrations ou de récits : d'une part le petit fonds Ricklin, d'autre part des clichés laissés sur place par les soldats canadiens venus en 1917 en forêt de la Joux (commune de Supt en particulier)  pour y couper le bois concourrant à l'approvisionnement du front pendant la Première Guerre mondiale, et enfin des clichés de la collection Mazo, à Paris.

NC numérisé

• Constance Rameaux, Village du temps retrouvé. Agathe Coutemoine (1867-1931), Paris, Les éditions du Chêne, 1987 (épuisé ; un exemplaire conservé aux Archives départementales du Jura).

• Constance Rameaux, Mademoiselle Agathe, Les Nans, éditions Z4 (à paraître en 2024).

Livre "Village du temps retrouvé. Photographies Agathe Coutemoine 1867-1931", de Constance Rameaux, avec la collaboration de Jean-François Ballereau, et Bernard Clavel (préfacier), Chêne, Paris, 1987.