Cote/Cotes extrêmes
Autres Cotes
Date
Importance matérielle
Origine
Biographie ou Histoire
La collection de mansucrits de l'abbaye de Saint-Oyend de Joux, communément appelée de Saint-Claude, conservée aux Archives départementales du Jura depuis la Révolution française, est le vestige d'un ensemble bien plus vaste, ancien et prestigieux, dilapidé du Moyen-Âge aux dernières heures de l'Ancien-Régime.
Jusqu'à sa sécularisation en 1742, l'abbaye de Saint-Claude releva de l'archevêché de Lyon, église "primatiale des Gaules", et grand centre intellectuel et spirituel, avec qui l'abbaye avait noué des liens très forts depuis son instauration. Elle abrita un scriptorium à l'instar de l'abbaye de Luxeuil dans l'actuel département de la Haute-Saône. Les moines y copiaient des manuscrits qui leur étaient prêtés et les y conservaient parmi des manuscrits qui leur étaient offerts. L'abbaye était donc aussi un centre d'étude et d'échange.
A l'époque carolingienne s'y illustra le moine Mannon qui en devint le prévôt, tenant lieu d'abbé lorsque celui-ci était lui-même archevêque de Lyon, et qui fut de l'entourage proche de Florus de Lyon, poète et intellectuel qui cultivait les lettres classiques. Les Archives du Jura, après celles du Doubs, conservent un fragment d'un manuscrit (testament ?) de la main de Mannon décédé après 893 qui inventoriait 115 manuscrits vraisemblablement donnés à son abbaye et dont aujourd'hui sont repérés dans notre actuelle collection au moins le commentaire de Bède le Vénérable sur l'Evangile de saint Marc qui porte effectivement la mention "autographe" de son donateur à l'abbaye. Sans doute l'abbaye possédait-elle déjà des manuscrits antérieurs puisque des copies y étaient réalisées avant ce don prestigieux.
On dispose d'un inventaire établi en 1492 à l'abbaye citant 95 manuscrits alors conservés dans l'institution. Il semble qu'une grande partie de l'héritage des IXe - XIIe siècles avait déjà disparu et il n'y apparait qu'un ou deux manuscrits susceptibles d'être antérieurs au IXe siècle. Abîmés sans doute, délaissés par leur ancienneté, vendus pour leurs riches décorations ou leur reliure à de grands collectionneurs (Jean Bouhier, par exemple), peut-être volés, c'est une pauvre collection de 60 manuscrits du IXe au XVe s. qui subsiste en 1790 lors des inventaires révolutionnaires ; les quelques inventaires des biens meubles de l'évêché de Saint-Claude, héritier des biens de l'abbaye sécularisée en 1742, dressés quelques années plus tôt ne diffèrent guère sur ce nombre.
Des 60 manuscrits trouvés sur place en 1790, 32 furent envoyés à Lons (ils forment l'actuelle collection), quinze restèrent à Saint-Claude pour des raisons indéterminées puisqu'ils devraient être avec les 32 précédents (ils sont conservés à la médiathèque intercommunale, fonds patrimonial de Saint-Claude), et les autres partirent enrichir la Bibliothèque nationale de France où entrèrent aussi des manuscrits anciennement distraits de l'abbaye par la voie d'autres séquestres.
Outre ces deux localisations, nous identifions des manuscrits établis ou conservés au scriptorium (ou bibliothèque) de Saint-Claude à la bibliothèque de conservation et d'étude de Besançon, à la bibliothèque municipale de Troyes, à celle de la faculté de médecine de Montpellier, et même à la bilbiothèque du Vatican, tout ceci au gré des pérégrinations des ouvrages et de leurs propriétaires au fil des siècles et des séquestres révolutionnaires sur les collections de collectionneurs (voir l'article d'Auguste Castan cité en bibliographie).
Histoire de la conservation
Cotes ms, 12F, 2H ms
Les manuscrits de l'abbaye de Saint-Claude ont été cotés de plusieurs façons depuis leur entrée aux Archives. Ils ont formé le noyau d'une série ou collection ms (manuscrits) traditionnellement rattachée aux fonds de bibliothèque à côté des imprimés. C'est ainsi que les a connus Auguste Castan qui étudia les manuscrits anciens de l'abbaye en éditant les documents qui les citaient ou les cataloguaient avant la Révolution (cf. bibliographie, publication parue en 1889), et que les catalogua Paul Libois en 1886. A une date indéterminée, postérieure à l'édition imprimée de l'inventaire des fonds constituant la série F des Archives départementales du Jura par Gustave Duhem en 1940, ces manuscrits ont été cotés en 12F, prenant le premier quantième disponible après les 11 fonds déjà cotés en série F dédiée aux entrées dites "extraordinaires" (hors versement des services publics).
Ces deux types de cotation ont maintenu pendant plus de deux siècles une disjonction matérielle, intellectuelle et même juridique avec le fonds d'archives de l'abbaye de Saint-Claude d'une part, avec leur origine publique d'autre part. Profitant de la numérisation suivie de la diffusion sur internet de ces manuscrits et de la dactylographie de leur catalogue, complétée et mise à jour, nous rappelons l'origine et la propriété publique de ces manuscrits en les recotant dans leur fonds d'origine, soit le fonds 2H de l'abbaye de Saint-Claude, avec le complément ms (pour rappeler leur nature spécifique de manuscrits) puis du numéro d'ordre de chaque manuscrit qui n'a pas changé depuis le catalogue de Paul Libois, soit de 1 à 32.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, il convient de citer ces manuscrits selon leur cote actualisée 2Hms 1 à 32 et l'ensemble de la collection 2Hms, comme les actes portant des sceaux et les plans retirés des liasses du fonds de l'abbaye de Saint-Claude ont été respectivement cotés 2Hps et 2Hpl.
Lacune du 2H ms12 (ex ms 12, 12F12)
A ce jour, le Psautier à l'usage de l'abbaye de Saint-Claude (ms 12, 12F12, qui devrait être 2Hms12 ) est lacunaire. Disparu des Archives du Jura avant 1940, nous ne désespérons pas de le retrouver au détour d'une vente publique, d'un catalogue de manuscrits récemment établi...
Reproduction
Tous les manuscrits ont été microfilmés dans les années 1990 sous la direction d'Henri Hours par Mme Mars dans notre atelier de photographie. L'Institut de recherche et d'histoire des textes (Orléans - Paris) détient une copie de ces microfilms argentiques noir-et-blanc qui sont aussi à disposition des lecteurs en salle de lecture des Archives du Jura, les originaux étant exclus de toute communication directe, sauf nécessité codicologique absolue.
En 2023, j'ai fait numériser en couleur les 31 manuscrits présents dans notre atelier de reproduction numérique par M. Rabany, sans passer par la numérisation des microfilms, afin de retrouver les couleurs des écritures, des lettres calligraphiées et parfois enluminées, des quelques enluminures à proprement parler, et jusqu'à la texture des feuillets. Ces vues facilitent la lecture des manuscrits et les rendent accessibles auprès de chercheurs - souvent étrangers - grâce, désormais, à leur diffusion sur notre portail internet.
Modalités d'entrées
Séquestre révolutionnaire (nationalisation des biens du clergé par décret du 2 novembre 1789 dit " mise à disposition de la Nation des biens du clergé ") au district de Saint-Claude puis tranfert des manuscrits au chef-lieu de district de Lons-le-Saunier après avril 1791.
Présentation du contenu
Les manuscrits se partagent en deux parties assez distinctes. D'une part les textes sacrés, la plupart constituant le Nouveau Testament : Evangiles, épitres, actes des apôtres), et leur glose exégétique, ainsi que des lectionnaires où sont transcrites les vies et passions de plusieurs saints ; y sont joints quelques textes à portée plus théologique ou monastique.
Une autre partie est constituée de textes juridiques ; sa proportion n'est pas que le fruit du hasard de la conservation et de la répartition des manuscrits entre les Archives du Jura et la bibliothèque de Saint-Claude. L'abbaye était souveraine en sa Terre, indépendante de la justice des comtes de Bourgogne jusqu'au XVe siècle. Ses tribunaux jugeaient les affaires de ses habitants et sujets jusqu'en dernière instance (notamment la grande judicature de Saint-Claude), tant en matière civile que criminelle ; un clergé assez nombreux (cures à la nomination de l'abbaye) et les relations avec les prieurés de sa dépendance obligeaient l'institution à se munir de textes de droit canon et de jurisprudence pour veiller à une bonne discipline ecclésiastique.
Sans doute les Archives du Jura ne récupérèrent-elles pas les plus beaux manuscrits qui restaient du pillage final des XVIIe et XVIIIe s. réalisés par des collectionneurs avisés. Beaucoup des traités de droit sont des "usuels" au sens où le texte prime sur l'apparence ; plusieurs manuscrits portent des traces de brûlures ou d'humidité, voire sont incomplets. Pour autant, quelque pauvres qu'ils puissent être en enluminures ou ne serait-ce qu'en initiales calligraphiées, ils sont à l'échelle des fonds conservés aux Archives du Jura leur "trésor" et un témoignage précieux de l'éventail de manuscrits à but nettement utilitaire que pouvait détenir ou réaliser en son sein une abbaye chef d'ordre avant la propagation du livre imprimé.
Enfin, il faut noter que malgré le très petit nombre de manuscrits subsistants rattachés au fonds même des archives de l'abbaye de Saint-Claude, cet ensemble est la collection la plus volumineuse de manuscrits de cette abbaye encore rassemblée en un seul lieu.
Conditions d'accès
NC numérisé
Langue des unités documentaires
Bibliographie
Mots clés collectivités
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