Fonds du domaine de Syam.

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Cote/Cotes extrêmes

150J

Date

2022, 1672-1948

Description physique

4 m.l.

Origine

Le fonds a été donné par Mme Sylvie Carnot, descendante de Lazare Carnot, le 13 juin 2013, don accepté par le président du Conseil départemental du Jura à l'issue du vote favorable de la commission permanente du 18 septembre 2013.

Service producteur : Personnes physiques ou morales privées

Biographie ou Histoire

Les Jobez, une famille industrielle

Les Jobez eurent une forte emprise sur l'industrie dans le Jura, dans le domaine de l'horlogerie et de la sidérurgie. Plusieurs générations se succèdent : Claude Etienne Jobez (1745-1780), son fils Jean-Emmanuel (1775-1828), Marie-Etienne Monnier son gendre, puis Alphonse Jobez (1813-1893) et Emmanuel (1851-1915).

Originaire de Morez, Claude Jobez y a débuté son activité industrielle avant la Révolution comme fabriquant en gros de cadrans émaillés pour l'horlogerie. Il est à l'origine de la diffusion des horloges comtoises dans toute la France. Parallèlement à ses activités horlogères, il investit dans le domaine de la métallurgie : prise de participation dans la forge de Bourg-de-Sirod près de Champagnole à partir de 1785, achat en 1794 du moulin Baudin (Toulouse-le-Château) pour y construire un haut-fourneau. En 1809 son fils Jean-Emmanuel et sa fille Adelaïde achètent le haut-fourneau de Rochejean entre Mouthe et Pontarlier (Doubs). En 1810, c'est la forge de Syam près de Bourg-de-Sirod qui est acquise. Le martinet des Isles à Champagnole est acheté en 1811 par Etienne Monnier, qui avait épousé Adelaïde en 1800. L'achat du martinet de Syam (celui des Isles fut immédiatement détruit), qui a été transformé en scierie et en moulin en blé, leur permit d'utiliser ce potentiel en feux de forge pour la construction d'une usine moderne.

La famille et leurs alliés s'attachent au début du XIXe siècle à organiser un ensemble industriel afin de maîtriser de bout en bout la chaîne de production sidérurgique, de la fonte à la mise sur le marché de produits finis.

Les forges et le domaine de Syam

Sur l'initiative de Marie-Etienne Monnier, une nouvelle usine fut construite à partir de 1813 de l'autre côté de l'Ain. La nouvelle forge employait une quarantaine d'ouvriers et impliquait l'exploitation d'une grande partie des forêts environnantes. La matière première utilisée par cette forge était directement produite par les fonderies de Baudin et Rochejean. Dès lors, Claude Jobez entreprit à Syam la construction d'une grande maison de maître, dite "le Château", édifiée par l'architecte Denis-Philibert Lapret. Les forges de Syam semblent ensuite avoir été totalement administrées et modifiées par Marie-Etienne Monnier, en qui Claude Jobez avait une totale confiance quant au bon fonctionnement de l'usine.

Jean-Emmanuel Jobez semblait davantage passionné par la politique et la littérature que par la gestion de l'usine. Cependant, associé aux affaires par son père, il décida de la création d'une villa du style des édifices de Palladio dès 1825 sur le site de Syam, à quelques mètres de celle que son père fit bâtir quelques années auparavant. Il s'inspirait directement des voyages qu'il avait eu l'occasion d'effectuer en Italie. C'est l'architecte bisontin Champonnois qui fut choisi pour la réalisation de ce projet. Jean-Emmanuel décéda en 1828 sans avoir eu le temps de découvrir et vivre dans cette villa au style singulier pour la Franche-Comté.

Peu de temps avant la mort accidentelle de Jean-Emmanuel, Claude Jobez avait donné toute la propriété de Syam à son fils. Cette dernière revint donc ensuite aux enfants de Jean-Emmanuel, Alphonse, Charles-Auguste et Ernestine. Leur oncle, Etienne Monnier, tuteur des enfants, poursuivit le travail accompli aux forges de Syam, sous le contrôle aiguisé d'Eugénie, épouse d'Emmanuel, afin d'assurer la prospérité de la famille et du nom de Jobez.

Au grand dam d'Adélaïde Monnier-Jobez, leur tante et épouse d'Etienne, Charles-Auguste s'intéressait davantage à une carrière militaire et s'installa avec son épouse aux Essarts, autre propriété familiale des Jobez. Alphonse, comme son père, préféra les voyages et la politique à la gestion des forges. Il ne reprendra cette activité à son compte qu'à partir de 1848 au décès de son oncle.

Tout comme son cousin Edmond le fit à Baudin, Alphonse voulut mettre en place à Syam les idées réformatrices et fouriéristes pour la vie des ouvriers, notamment par le développement de l'éducation des enfants, d'une coopérative permettant la subsistance quotidienne des travailleurs et d'un dispensaire. En tant que gros propriétaire terrien, il s'attacha également à perfectionner les procédés agricoles, notamment par l'introduction de certaines races bovines, comme la Durham, considérée comme productrice à la fois de lait et de viande.

En 1855, il laissa la direction des forges à Honoré Reverchon, polytechnicien et ami de la famille Jobez. Syam traversa avec difficultés la crise de la métallurgie comtoise. La baisse des revenus lui fit prendre conscience de la nécessité de redresser et de reconvertir l'activité. En 1864, il installa alors une clouterie en complément de l'activité traditionnelle de production de fer de laminoir et fonderie. Après quelques années de tractation, afin d'assurer l'avenir des forges de Syam, Alphonse décida de s'associer en société avec Adéodat Dufournel, veuf de sa cousine, Félicie Monnier. L'affaire passera ainsi de 40 à 70 ouvriers. Elle vivra ainsi jusqu'au décès d'Alphonse en 1893.

L'usine fut alors louée par ses descendants, Eugénie, Emmanuel, et Lucie à Mathieu Thomas, ingénieur, et Louis Pupier, chocolatier. Les forges de Syam devinrent une société anonyme à partir 1900 et la vente des parts des enfants Jobez est indéniable. Le siège fut transféré à Lyon, mais la spécificité de la production de fer à lime permit à la production des forges de prospérer et de résister à la pression financière des deux guerres. Cela n'empêcha pas la société des forges de voir le fabricant UMAS d'Arc-et-Senans de devenir son principal actionnaire et gestionnaire en 1945. Le groupe fit faillite en 1976. Les forges de Syam furent ensuite rachetées par le groupe Experton-Revollier basé en Isère. Ce rachat permit le maintien du laminoir, dernier du genre à fonctionner encore en France. Une production très spécifique pour l'industrie automobile, la serrurerie ou les ascenseurs sortait désormais de l'usine. Cependant, la fermeture définitive fut décidée par le groupe en 2009 sans repreneur, refermant une histoire de plus de deux siècles de production métallurgique et de vie ouvrière. Le site reste aujourd'hui un patrimoine industriel unique pour le Jura.

Concernant le domaine de Syam lui-même, sa gestion fut confiée à des régisseurs (notamment Léon Moyse), les membres de la famille Jobez étant surtout préoccupés par leurs fonctions politiques (Jean-Emmanuel a été maire de Morez et député du Jura, Alphonse député également, Emmanuel conseiller général d'Alger). Ce sont surtout les membres alliés de la famille qui furent impliqués dans la gestion du domaine en tant que propriétaires héritiers des biens des Jobez, notamment Paul Duchesne-Fournet (époux de Lucie Jobez, fille d'Alphonse et sœur d'Emmanuel), puis Lazare Sadi Carnot, fils du président de la République, ainsi que sa femme Marguerite Duschesne-Fournet (fille de Paul), qui devient Mme Carnot.

Modalités d'entrées

Dates d'entrée : 13/06/2013

Modalités d'entrée : Don

Présentation du contenu

Les documents couvrent la période 1850-1920 essentiellement, époque où les Jobez ont pris leur distance par rapport aux activités industrielles de Syam et où le domaine de Syam relève surtout des familles alliées Duschesne-Fournet et Carnot. Ils se concentrent de fait sur la gestion de ce domaine et sur des activités bancaires et commerciales des Jobez, distinctes de la sidérurgie.

L'intérêt des documents réside en effet d'abord dans la composition du domaine (titres, plans), ainsi que sa gestion par le biais de correspondance, de rapports, de comptabilité. Le fonds sera particulièrement utile pour étudier les différentes sources de revenus qu'il procure aux propriétaires : locations des fermes, bureau de poste et télégraphe, colonies de vacances et bien sûr exploitation forestière (comptage et cubage de bois, ventes de coupes&). Cette dernière a généré entre autres de la correspondance qui a été extraite de la correspondance générale de gestion du domaine. Les documents forestiers attestent que, du moins pour la période documentée par ce fonds, le bois produit était vendu à des industriels surtout comme bois de construction, ou pour la papeterie et enfin comme bois de chauffage.

Le fonds recèle peu de documents relatifs à l'activité industrielle de Syam : quelques inventaires du matériel des forges et des usines, des plans de machines, les grands livres de comptabilité. L'absence de correspondance concernant la gestion des forges ne doit pas étonner puisqu'elles ne sont plus dirigées directement par les héritiers Jobez pendant la période concernée par le présent fonds (1897-1920).

En revanche, le commerce du vin produit en Algérie par Emmanuel Jobez et les activités bancaires des Jobez se dévoilent quelque peu à travers des registres et carnets de comptabilité de ce fonds, ainsi que de la correspondance qui apportent des informations peu connues, voire inconnues à ce jour, sur le rôle commercial et financier de la famille et élargissent les vues sur ses réseaux de clients, créanciers et débiteurs.

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Dates de prise en charge : 16/07/2014

Mode de classement

En 2012, à la demande de sa propriétaire et avant son transfert aux Archives du Jura, le fonds avait été sommairement classé et inventorié par grandes catégories d'archives et avait été conditionné pour le transport par une archiviste, Mademoiselle Coraline Rey. Le présent répertoire numérique détaillé est une refonte totale de ce premier inventaire : les analyses ont été vérifiées, souvent rectifiées et largement détaillées ; le plan de classement d'origine a été sensiblement adapté en conséquence. Le nombre de cotes a été réduit car des fusions pouvaient être opérées.

Conditions d'utilisation

Le fonds est librement consultable en salle de lecture et son inventaire diffusable sur le site internet des Archives du Jura et partenaires. Le contrat de don stipule que les conditions de reproduction et de réutilisation sont les mêmes que celles des archives publiques conservées aux Archives départementales du Jura. Conformément au souhait de la donatrice, ces règles sont rappelées dans un document récapitulatif qui doit être communiqué à toute personne souhaitant consulter le fonds.

Langue des unités documentaires

Français.

Autre instrument de recherche

Cote/Cotes extrêmes

150J/14-41

Propriété et exploitation des forêts

Cote/Cotes extrêmes

150J/33-41